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Après une nuit plutôt courte, la marche reprend. Le soleil s'est à peine levé, mais il commence déjà à chauffer les pierres autour de
nous. La froidure de la nuit s'évanouit lentement. A l'affût de nos ennemis mongols, une partie des éclaireurs qui ont surveillé le camp mongol toute la nuit est de retour pour nous amener à ceux qui sont restés sur place.
Nous abordons à regret une zone dangereuse : des collines escarpées et resserrées dont les pentes abruptes forment des couloirs plus ou moins marqués. Une embuscade est fortement probable et l'orientation dans ce dédale est particulièrement difficile. Les Arabes progressent vite dans les canyons. Leurs chevaux légers font merveille dans ce terrain. Cependant, lorsque midi arrive, notre force, d'une cinquantaine d'hommes, est étirée sur près de 1km. Beaucoup plus lents que les autres, nous formons l'arrière-garde, accompagnés par deux Arabes. Notre lenteur est due non seulement à nos médiocres qualités de cavaliers (à l'exception notable de Elkior), mais aussi au fait que nous nous partageons tous les quatre seulement deux chevaux. C'est peu, d'autant que nos bagages
encombrent encore un peu plus ce lourd équipage. Les petits chevaux arabes, beaucoup plus nerveux et fin que les nôtres, peinent sous la charge.
Les heures passent et les fossés succèdent aux ravines. La progression est difficile dans ces méandres et nous avons depuis longtemps perdu le contact avec ceux qui nous précédent. Heureusement, la trace des soldats
d'Aziz-El-Rahman est facile à suivre. Mais alors que le soleil s'approche de son zénith, un bruit de course résonne contre les parois du défilé dans lequel nous nous sommes une fois de plus engagés. Les Arabes qui nous accompagnent s'arrêtent pour tendre l'oreille. Un peu plus loin, Zendreff n'y tenant plus, saute à terre, décidé à en découdre avec nos poursuivants. Peu rassuré, seul en arrière de la selle, je décide de l'accompagner et me laisse
glisser au sol, raidi par cette chevauchée lente mais tortueuse. Elkior, qui porte Kryss mourant sur son dos depuis déjà deux jours, préfère attendre. Les Arabes sont hors de vue derrière le dernier virage, mais en quelques pas nous les rejoignons.
Nous ne sommes plus qu'à quelques mètres lorsque subitement, ils lancent leurs chevaux au galop et nous dépassent sans explications : ils fuient ! La rumeur de poursuite enfle. Bientôt il nous semble distinguer le galop de chevaux déformé et amplifié par les parois de pierre. Je me glisse entre deux rochers tandis que Zendreff, rejoint par Elkior qui me confie son manteau humain, s'apprête à en découdre. Deux cavaliers jaillissent du passage et se jettent sur nous ! Le choc est violent : Zendreff se jette de côté. D'un revers de lame, il entaille la cuisse de son adversaire qui pousse un cri de colère
autant que de douleur. Les deux cavaliers qui viennent de nous dépasser s'arrêtent brusquement. Ils sont des nôtres ! Ce sont des Arabes. Elkior leur demande ce qu'ils font là, couvert par les injures de l'Arabe frappé par Zendreff qui revient vers nous en menaçant du poing. Les insultes fusent, mais l'un comme l'autre ne comprennent guère plus que le ton employé. Au bout de quelques secondes, je coupe court en me glissant entre les deux protagonistes. Heureusement pour moi, je jouis d'un certain prestige parmi les Arabes, non seulement parce que je parle et écrit leur langue, mais aussi pour mes talents de guérisseur. Le compagnon du blessé qui nous a rejoint également est l'un de mes ex-patients et il m'aide à calmer son camarade. Le calme revient rapidement. Les Arabes indiquent le défilé par lequel ils sont arrivés et affirment que des Mongols les suivent d'assez près. Dès que l'ex-convalescent a fini ce début d'explication, l'autre fait pivoter son cheval, au risque de nous bousculer et repart au galop. L'autre le rejoint rapidement.
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