Arbre des Séphiroths

 

  Aziz se porte bien. C'est un guerrier redoutable si j'en crois ce que j'ai pu rapidement observer de ses duels. Lorsque la nuit tombe, il semble vouloir mener une expédition punitive : Un éclaireur est de retour, mais je ne peux percevoir que quelques bribes de paroles. Il a repéré les survivants mongols qui se regroupent. Il ne reste guère qu'une poignée d'archers et les fantassins se compteraient sur les doigts d'une main. Aziz recrute rapidement une dizaine de volontaires parmi les quelques vingt-cinq hommes encore en état de se battre. Les Arabes n'apprécient apparemment pas les combats nocturnes. Ils partent toutefois, et j'ai la surprise de constater que Zendreff et Elkior sont de la partie ! Le devoir m'impose de les accompagner et je me joins à la petite escouade.

- Fait moins de bruits guérisseur, me susurre un Arabe.

Je lui jette un regard foudroyant qu'il ne perçoit pas. J'étais pourtant persuadé d'être nettement plus discret que les autres,... jusqu'à ce que je prenne conscience que je souffle aussi fort qu'une baleine ! Le décor est terrible pour les promeneurs. Rien que des côtes et des descentes, suivi de nouvelles pentes complètement cahotiques. Le tout dans le noir et la poussière !

On arrive rapidement sur les lieux de l'action. Les Mongols se sont regroupés à l'extrémité d'un avancée rocheuse et ne soupçonnent pas notre présence. Aziz nous rassemble et prévient :

- J'en veux au moins deux vivants ! Celui qui tue l'avant-dernier mourra de ma main ; Celui qui tuera le dernier mourra de nos mains à tous comme un chien. Est-ce que tout le monde m'a compris ? dit-il en dirigeant son regard vers nous autres. Une faible lune éclaire le décor. Après une rapide observation, il semble que les quatre soldats survivants soient restés au point d'accès du piton sur lequel sont installés les autres mongols. Les Arabes progressent lentement vers les sentinelles. Mais alors qu'ils ne sont plus qu'à une dizaine de mètres, l'une des sentinelles perçoit un mouvement et se redresse d'un bond. Il crie ! L'Arabe le plus proche lui jette un couteau et se jette sur lui, le tranchant profondément d'un large mouvement de sabre. Tous les autres entrent alors en mouvement. Les Mongols, conscients de leur infériorité numérique, se regroupent dans l'étroit passage qui défend l'accès au promontoire où les archers, alertés par les cris, se saisissent de leurs arcs et s'apprêtent à nous cribler de flèches. Elkior tente d'ajuster ses tirs sur les plus proches, mais l'obscurité est profonde et il ne parvient pas à viser correctement. Les autres non plus d'ailleurs. Les tirs balaient plutôt large, mais au fil des volées, ils viennent à se préciser dangereusement. Malheureusement, les Arabes sont efficacement contenus au pied du passage par les guerriers asiatiques et ne parviennent pas à prendre le dessus.

Zendreff se tourne alors vers moi et me tire par la manche en criant : "Viens, Il faut y aller ! On y va !". "Attends !" Une sourde puissance s'empare de mon être, et je ne parviens pas à me débarrasser. L'idée que je viens d'avoir il y a quelques secondes, s'impose violemment à mon esprit. Il faut illuminer le piton sur lequel sont réfugiés les Mongols, les aveugler, les effrayer et en faire des cibles tout à la fois ! Je sens une bouffée d'énergie monter dans mon esprit et chercher une cible à désigner. Je dirige alors ce flux immatériel vers les pierres qui bordent la corniche sur laquelle nos ennemis trouvent refuge. Une vive lueur jaillit alors de la nuit ! Des cris rapidement tus ont perturbé la sérénité du retranchement mongol pour la première fois. Les archers sont temporairement éblouis et leurs compagnons qui bloquaient le passage en prennent un coup au moral. Elkior abat son premier archer, tandis qu'Aziz perfore de part en part un sentinelle. Les trois autres se groupent dans un recoin obscur.

Aziz ne peut pas se permettre de les laisser tranquilles dans le dos de ses hommes et se lance à l'attaque de cette triade compacte. Tandis qu'il disparaît dans le repli rocheux, Zendreff s'élance dans le passage montant. Je cours sur ses talons,... et le heurte violemment dans le dos au détour du chemin. "Plonge !" Trop tard. Une douleur fulgurante m'envahit en un instant et je manque de m'écrouler dans le passage. Je tombe à genoux car mes jambes ne me portent subitement plus. Le temps que je comprenne, il venait de sauter de côté pour éviter le tir d'un archer embusqué qui barrait le chemin. Je ne vois plus Zendreff qui a sauté en contrebas, mais je vois dans un brouillard de plus en plus dense le Mongol s'avancer au bord du chemin et scruter les ombres à sa recherche. Celui-ci jaillit de sa cache et lui sectionne la cheville jusqu'à l'os. Grièvement atteint, l'Asiatique tente de parer un second coup, mais le troisième est fatal.

Zendreff part seul dans la mêlée. Les hommes d'Aziz sont encore occupés en contrebas par les trois Mongols qui ne veulent pas se rendre. Je me plonge dans la concentration et essaie de ne plus penser à rien d'autre qu'à disparaître de cet endroit, de l'esprit de ces hommes, à devenir insignifiant. Mais une puissante nausée cherche à m'envahir.  Zendreff est seul dans la mêlée et se bat comme un furieux. Elkior nous a rejoint et l'aide à se débarrasser d'un deuxième garde. Mes mains se crispent dans des contractions involontaires autour de la flèche qui me perce le côté droit de part en part à hauteur de la hanche. Elle a été stoppée sur l'os et je ne peux plus me déplacer sans pousser un cri de douleur. Rassemblant tout mon courage, je saisis le bois et tire violemment le plus droit possible. La douleur est moins vive que prévue, mais malgré tout, je m'affale dans les caillasses du sentier. Il m'aurait fallu quelques minutes au moins pour me remettre, mais je n'en dispose pas. Alors que je me redresse en comprimant le trou sanglant avec ma ceinture, Elkior et Zendreff détalent devant moi aussi vite qu'ils le peuvent, poursuivis par deux traits qui se perdent dans la nuit. Un groupe constitué des cinq derniers archers vient d'apparaître au bord de la corniche d'accès. Ils se tournent vers moi. Croyant ma dernière heure arrivée, je me persuade que je suis déjà mort et que tout le monde partage cette pensée... Et tel est le cas. Victimes du charme du sanctuaire que m'avait appris mon vieux maître, les archers m'ignorent tous... sauf un qui ajuste son tir dans ma direction ! Ignorant les douleurs à la cheville et à la hanche, je m'élance au bas du chemin. Trois, quatre, cinq pas. Je n'arrive plus à progresser tant je suis raidi par la douleur et par l'attente de l'impact fatal qui ne manquera pas d'arriver incessamment.

C'est ce qui arrive effectivement. Une violente piqûre qui me fait tourner la tête et perdre à moitié conscience me précipite au bas du chemin. Je tente de diriger ma chute du mieux que je peux sur le bord du sentier. J'ai à peine le temps d'entrevoir le corps de Zendreff, criblé de trois flèches dans le dos, à quelques mètres de moi...

 

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Dernière mise à jour le 26-07-2000
Par ObiWan