Arbre des Séphiroths

 

  ... Les chuchotements et les secousses que m'inflige un Arabe me sortent de mon étourdissement. Je reprends lentement conscience. Voyant cela, il me laisse tranquille. La dernière flèche m'a traversé le gras du trapèze gauche sans s'arrêter. Heureusement, le coup, qui visait vraisemblablement la tête, est passé au dessus de la clavicule, épargnant les poumons et m'épargnant surtout une lente hémorragie couronnée par un étouffement fatal en quelques longues minutes, quelques heures au plus. Si j'avouais jamais que je sais cela grâce aux leçons de Nature que me prodigua mon vieux maître en découpant des cadavres, je serais certainement excommunié. C'est d'ailleurs en grande partie pour cette raison que j'ai primitivement émigré chez les Slaves peu évangélisés et moins prompts à brûler leurs prêtres. L'air frais de la nuit avive rapidement mes sens.

Je suis auprès de mes frères d'armes arabes. Nous sommes à l'abri des tirs mongols derrière une série de grosses roches. Les quatre archers mongols, en contre-haut, n'attendent que notre sortie pour nous abattre comme des lapins. Aziz est là, encadré par trois de ses soldats d'élite et Elkior. Zendreff gît non loin de là, à portée de tir ennemi. Il ne bouge plus. Je ne veux pas le croire, et l'observe plus attentivement : il me semble discerner le soulèvement de sa poitrine sous son vêtement clair,... mais sans garanties. Il faut absolument faire quelque chose. De loin en loin, une flèche mongole vient frapper le sommet des rochers qui nous protègent ou encore s'écrase quelques mètres derrière nous. Je me tourne vers Aziz :

- Il faut aller le chercher Aziz, il vit encore.
- Arrête, tu divagues. Il est mort !
- Mais non, regarde bien.

Il observe quelques secondes puis se retourne :

- Non, c'est impossible, de toutes façons il est trop loin.

Elkior, qui veut savoir ce que l'on dit, m'interroge du regard. Je n'ai pas le temps de lui expliquer. Je continue vers Aziz :

- Aziz, pense à tous les services qu'il t'a rendu depuis le début de ces combats. On doit tenter de le récupérer tout de suite.
- Vas y si tu veux, mais je ne risquerai pas un des miens.
- Mais moi je veux bien y aller ; mais je vais me faire tuer si tu n'occupes pas les archers.
- Oui, c'est sûr.
...
- Alors tu les attaques ? Ils ne sont plus que quatre ou cinq.
- Non, c'est trop risqué. Dieu décide de son sort.
- Mais il le faut Aziz, il faut tenter de sauver Zendreff ! Aide toi et le ciel d'aidera.

Mais il ne m'écoute plus, il est plongé dans ses réflexions. Puis, les ordres circulent et les trois derniers guerriers s'éloignent en silence dans les ombres qui bordent le piton. Aziz me regarde : "Prépare-toi à y aller !" "Merci Aziz, Dieu t'en seras reconnaissant !" Mais il ne m'écoute pas. Il se tourne vers Elkior et lui répète les consignes : "Rappelle-toi : deux survivants !" Elkior l'observe, puis lui répond : "Pour ce que tu veux en faire, l'Égyptien, un seul suffira : il reste encore un survivant de la bataille d'hier !".

Un ordre d'Aziz déchire la nuit. Je me précipite vers Zendreff aussi vite que je peux, sans me retourner. Mais je ne suis pas bien rapide dans mon état. Une flèche qui m'arrive dans les pieds me fait trébucher, et une autre me frôle les jambes alors que je m'écroule à ses côtés, me faisant un rempart de son corps. Je me fais le plus petit possible. Mais désormais, les archers s'intéressent bien moins à mon cas qu'à sauver leur propre vie et je dispose de tout mon temps. Quelques secondes s'écoulent, je ne sens pas le pouls de Zendreff : il est trop faible, mais je peux encore sentir très légèrement son souffle sur ma joue quand je me penche sur son visage. Je parviendrai à le sauver, mais pour aujourd'hui, je suis trop faible.

 

Pour connaître la suite, suivez moi !  >
page 6/11

1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 - 8 - 9 - 10 - 11

Pour connaître la suite, suivez moi !

 

Retour au début

Dernière mise à jour le 26-07-2000
Par ObiWan