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Tandis que les guerriers sont partis, j'organise tant que faire se peut le repos de
Kryss. Je lui aménage une couche rudimentaire dans un repli au pied de la falaise après m'être assuré qu'aucun scorpion ni serpent n'en avait préalablement fait son refuge. Il n'y a plus sur place que quelques Arabes non-combattants : deux cuisiniers, le conseiller
d'Aziz et deux jeunes. De l'endroit où nous nous tenons, nous assistons, impuissants, aux combats. Alors que nos guerriers abordent le
second mur, ils sont violemment repoussés par des fantassins mongols qui jaillissent de derrière les archers où ils se dissimulaient. Bien que plus nombreux, les nôtres sont en grand danger. D'autant plus que les archers continuent de lâcher volée sur volée. C'est Zendreff qui le premier allume une lueur d'espoir. Il atteint le sommet du terre-plein sur lequel les archers sont positionnés et commence à faucher leurs rangs avec une incroyable énergie. Rien ne lui résiste : les archers les plus proches rompent le combat et les guerriers sont obligés d'abandonner leur position de défense pour venir les assister. L'aile gauche ennemie est désorganisée et
Aziz, après s'être débarrassé de ses adversaires d'une redoutable passe d'armes, lance le reste des troupes arabes à l'assaut derrière
Zendreff. Celui-ci est désormais aux prises avec de puissants combattants qui n'entendent pas lui céder le passage. Ils l'attaquent à trois et tentent de l'acculer au bord de la dépression rocheuse, mais, dans un mouvement extraordinaire, celui-ci pare l'attaque de l'un de ses adversaires et, prolongeant le traître coup qui lui entaille tout de même méchamment la cuisse, en pourfend un second. Ce déplacement lui a permis d'intercaler un adversaire entre lui et le vide, adversaire qu'il précipite immédiatement en bas d'un violent coup de pied au bas-ventre. Mais les mongols se réorganisent. Les autres archers, percevant le danger, ne dirigent non plus leurs tirs vers la fosse, mais contre la
brèche qui s'est dessinée dans leurs rangs. Zendreff est criblé de traits et faiblit rapidement, d'autant que malgré ses exploits, ses ennemis se multiplient
dangereusement.
Réduit au rôle de simple observateur, j'ai le plus grand mal à me contenir. Les combats sont insupportables et je dois me faire violence pour ne pas intervenir au milieu de ces hommes, pour ne pas me pencher sur les blessés, pour ne pas aller recueillir les dernières volontés de ces pauvres êtres subitement réduits à la plus grande détresse. Mon regard se dirige
souvent vers Zendreff. Quand j'aperçois deux nouveaux soldats se diriger vers lui, je n'y tiens plus : je saute le premier mur pour me retrouver au centre du petit cirque. En me précipitant vers le second mur, j'ai conscience, en limite de mon champ de vision, que deux ou trois archers m'ont repéré et pris pour cible. Deux belles éraflures viennent immédiatement me le confirmer. En luttant contre l'insoutenable sensation de brûlure qui me vrille la tête et la cheville gauche. Je recommande mon âme à Dieu et continue sans faiblir ma progression vers le haut du second mur. Heureusement le second mur est moins raide que le
premier et très irrégulier. Deux nouveaux traits me sifflent aux oreilles mais viennent à me manquer. Je lutte contre la panique et me concentre sur l'ascension. Lorsque ma tête parvient en haut du mur, Zendreff n'est qu'à trois pas, laissant des marques sanglantes et quelques cadavres derrière lui. Il est à bout et ne va pas tarder à tomber
sous les coups adverses. Je me précipite sur lui et mobilise tout ma force de concentration,
oublieux des archers, pour prier Dieu de bien vouloir lui prêter vie encore quelques temps. C'est in extremis que les hommes
d'Aziz, parvenant jusqu'à nous, nous permettent de nous retirer momentanément du front et de venir à couvert.
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