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Par rapport à la dernière fois, aucun changement notable de la situation tactique, hormis la disparition de la ligne de feu.
On ne distingue que deux ou trois feux "normaux" sur ma gauche, côté mongol, et des barricades de fortune, certaines encore fumantes, sur ma droite, côté arabe. Je ne distingue personne, mais sans m'y fier. La nuit est presque tombée, ce qui signifie que nous avons passé sans doute
au moins une douzaine d'heures dans l'obscurité. La porte pivote entièrement. Je décide de
jaillir au pas de course. A peine me suis-je élancé qu'un cri d'alerte résonne sous la voûte. Un claquement se fait entendre derrière moi : Kryss a refermé la porte
: je n'ai plus le choix. Un bruit de poterie brisée éclate derrière ma tête et une volée de flèches me poursuit. Elles sont brûlantes et enflamment
la poix d'une flasque qui m'a été jeté... et m'a manqué de peu. Deux autres flèches sifflent à mes oreilles et se perdent en claquant contre les parois rocheuses. Il me semble même que l'une d'elles est arrivée d'en face de moi, de mes
alliés supposés.
Un terrible doute m'assaille subitement : et si nous avions perdu ? si nous étions les derniers ?
Si tous étaient des ennemis et nous attendaient ? Mais des interjections en arabe viennent aussitôt calmer mes appréhensions
:
- Arrête, stupide ! Tu ne vois pas que c'est notre docteur ?
Je me jette derrière la pauvre palissade installée à la sortie de la galerie centrale. Les Mongols ont renoncé à me poursuivre. Une fois sorti de l'axe, je rejoins Aziz aussi vite que
possible. Ses soldats m'ont précédé pour le prévenir de ma réapparition. Il se lève aussitôt et vient à ma rencontre, visiblement heureux de me revoir. Zendreff lui-même paraît avoir les yeux
humides et m'enserre brutalement dans ses bras puissants, à m'étouffer.
- Du calme Zendreff, tu voudrais me tuer maintenant que je viens de sortir ?
Aziz reste un peu à l'écart et attends la fin de nos retrouvailles.
- Ah ça non alors ! répond-t-il. Mais d'où sors-tu ? Nous étions mortellement inquiets. C'est toi qui a failli nous faire mourir. J'ai presque eu l'impression de devenir orphelin... et puis je ne comprends rien à ce qu'ils racontent, ces rats des sables. J'ai besoin de toi comme traducteur !
- Seulement ? répondis-je avec malice.
- Tu sais bien que non, vieux grigou ! Et pour me punir de mes moqueries, il m'assène une bourrade sur
l'omoplate. Tiens, Aziz a l'air de vouloir te parler, mais laisse-moi d'abord t'annoncer une mauvaise nouvelle : Elkior est mort.
Un long silence s'installe entre nous. Apparemment c'est aussi ce qu'Aziz voulait m'annoncer, aussi reprend-t-il lentement sa place auprès de ses compagnons. Je demande à Zendreff de voir le corps pour une ultime bénédiction. Ils l'ont installé le long de la muraille en compagnie des corps de trois autres guerriers arabes morts au combat. Les corps ont été nettoyés. Celui d'Elkior avait été percé et déchiré par de plusieurs coups de lance vengeurs encore nettement visibles. Son ventre a été grossièrement couturé pour éviter que ne s'échappe son contenu.
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