Arrivé dans l'obscurité de la galerie, je me rends compte qu'une série de trois portes débouche de chaque côté. Je m'engage dans la première porte qui cède sans effort.
Les marches disparaissent dans la nuit. L'obscurité est totale. L'air est sec et chargé de senteurs diverses. Il semble s'agir d'un cellier. L'escalier est droit, mais je progresse lentement, de peur qu'une marche ne manque. Mes doigts glissent doucement le long des parois. Subitement, les murs partent de droite et de gauche. Je suis sur la dernière marche. En m'accroupissant, je sens le sol de
roche, ainsi que le corps de Kryss. A tâtons, je reconnais l'étoffe de ses vêtements. Il est assez grièvement blessé, mais légèrement conscient, sans doute commotionné par le choc et la chute dans les marches de pierre. En le secouant doucement, je le réveille. Il se redresse lentement.
- Qui c'est ? Où est-ce qu'on est ?
- C'est moi, Wilherman. On est dans le repaire des Mongols, dans une cave annexe. Les Mongols t'ont jeté là il y a quelques minutes.
- Ah ?! Et comment est-ce qu'on sort ?
- Oh, nous ne sommes pas prisonniers. Je suis venu te chercher pour te ramener parmi nous.
- Où ça parmi nous ?
- Et bien là haut, avec Elkior, Zendreff, Aziz et tous les autres guerriers. Mon assistant te préparera une tisane pour faire passer tes douleurs.
- Je n'en ai pas besoin. Je suis très bien ici. C'est plutôt chaleureux et accueillant. J'ai bien envie d'y rester quelque temps. Tu pourrais venir me rechercher plus tard.
Au moins, il m'honore d'une certaine confiance. Et puis, il ne parle plus d'avoir faim. Peut-être le choc lui a-t-il remis les idées en place, mais j'y crois peu. D'autant que sa voix mielleuse et sa peau froide me laissent peu de doutes. Au moins physiquement, il est toujours fragile !
- Non, tu dois revenir, nous devons allez voir le vieil homme. Il est tout
proche. Je crois l'avoir entendu chanter tout à l'heure. Il saura peut-être...
Une bruit de course et des cris près de la porte attirent notre attention. Ils
diminuent, mais une lueur vive et des bruits de pas dans l'escalier ne nous laissent aucun doute : quelqu'un approche. Vivement, Kryss s'empare de son arc et encoche une flèche. Sans coup de semonce, il en décoche une volée dans l'escalier, au jugé.
Une course précipitée marque la retraite de l'intrus. Kryss s'avance un peu, en vue de la porte. Puis il s'engage dans l'escalier avec une flèche encochée. Rapidement, je cherche à tâtons quelque objet qui puisse servir en pareille occasion. A part des caisses remplies de cordes, quelques clous, des étagères vides,... rien d'utile. Le mur du fond est occupé par quatre larges tonneaux emplis d'un liquide inodore et sans
saveur : sans doute de l'eau. Je manque de chuter sur trois tonnelets plus petits. En observant de plus
près, je constate que le premier est rempli de poivre concassé. Avec
cette arme improvisée, je rejoins Kryss qui m'attend impatiemment et lui emboîte le pas. Arrivés en haut, nous nous plaquons au ras de la première marche pour avoir une rapide vue sur l'extérieur. Il semble que nous soyons exactement au centre des deux lignes de front. Les Arabes assiègent les Mongols réfugiés à l'intérieur de la
caverne, sur notre gauche.
Ces derniers s'abritent derrière une ligne de feu à laquelle ils enflamment leurs flèches. Simultanément, d'autres
Asiatiques projettent régulièrement de petits récipients de poix sur nos maigres barricades, ce qui a pour effet d'y bouter le feu en quelques
secondes. Et nous sommes au milieu ! Plein d'un enthousiasme débordant, je m'élance au centre. Les Mongols semblent aussi surpris que les Arabes. Avec toute l'énergie dont je dispose, somme toute assez peu, je lance le tonnelet dans les lignes ennemies. Un peu trop
court ! Un seul mongol ne réagit pas assez vite et se trouve pris d'une violente
irritation au milieu d'un nuage grisâtre. Je contemple le résultat de mon oeuvre, juste le temps de remarquer le regard incrédule de Kryss. Une flèche vient brusquement se ficher dans la porte, au raz de son nez. Il me tire alors violemment en arrière dans les marches, tout juste si je ne m'affale pas.
- Recule, recule ! On va se faire planter comme des lapins !
C'est qu'il a l'air d'avoir vraiment eu peur ! Il claque la porte derrière lui.
- Alors toi ! Ha ça ! Dieu est avec toi ! T'es pas un peu fou de rester debout comme ça,
etc., etc. Pour sûr, tout cela manquait sans doute un peu de coordination et de précision.
Tout en maugréant dans sa barbiche, il trafique la serrure. Inutile de demander, je me doute qu'il est en train de nous enfermer. Ce pétochard est en train de ruiner nos chances d'évasion. Lorsque je remonte les quelques marches qui nous séparent, il est trop tard. En plus, il
semblerait qui soit assez fier de lui !
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