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Le temps passe lentement dans l'air frais et sec de la cave.
La poursuite de l'inventaire ne donne rien de plus. Les autres tonnelets ne contenaient que du sel et des herbes aromatiques
séchées, impossibles à identifier sans lumière.
Pour passer le temps, je me construis un petit autel miniature et j'improvise une longue messe de plusieurs
heures. Je me concentre très fort sur l'esprit d'Elkior, sans doute
déjà en train de se détacher lentement de sa dépouille lacérée. Un
chagrin sincère m'étreint le coeur lorsque je pense à ce fidèle
compagnon, lui qui nous accompagnait depuis si longtemps et qui est
tombé, loin des siens, dans une terre où il n'a aucune attache. Kryss, qui n'en a cure, après avoir fouillé dans les
caisses pendant un moment, s'est endormi. Sa respiration est à peine
audible, même dans le profond silence de la pièce. De toutes façons, il
m'a fallu assez vite admettre que le mieux à faire était d'attendre que les événements se décantent. Kryss est trop faible pour participer activement, et en ce qui me concerne, un peu de repos forcé me fait le plus grand bien. Inutile d'essayer de passer le temps en discutant, Kryss n'a répondu à aucune de mes questions. Je fais ce que je peux pour soigner mes multiples contusions dans ce noir absolu. Dieu seul guide mes gestes.
Plusieurs heures passent... Impossible de garder une conscience claire du temps qui s'écoule. Peut-être même ai-je sombré quelques minutes dans un sommeil trouble,
impossible de garantir le contraire. Là-haut, la situation est particulièrement calme. Depuis
longtemps maintenant on n'entend plus de bruit. Sans doute parce qu'il m'entend m'agiter, Kryss propose que l'on remonte jeter un oeil. Je sursaute en entendant sa voix d'outre-tombe rompre le silence pour la première fois depuis le début de notre réclusion. Alors que je suis raide comme un piquet après cette longue période d'inactivité, lui semble au contraire parfaitement détendu. Il est incompréhensible. Je me demande s'il n'est pas un peu animal ? Il faudra sans doute prendre le temps de réfléchir à cette hypothèse.
Les méditations ont eu cela de bon : je sens mon esprit beaucoup plus clair et ma foi plus forte. Surtout après les dernières épreuves. Mais je n'ai pas le temps de bien vivre cette
sensation : Kryss me presse. Arrivé en haut, il recommence à manipuler la serrure pendant une longue minute. Enfin, j'entends jouer le penne. C'est déverrouillé. Pendant qu'il bricolait,
aucun bruit ne filtrait à travers la porte : un calme plat semble régner de l'autre
côté. "Méfie toi de l'eau qui dort" me disait mon maître. Kryss repasse derrière moi
en m'annonçant : "A toi de jouer ! Dépêche toi !" En fait, j'ai comme l'impression qu'il a plutôt hâte de se débarrasser de moi ! Je me plaque sur les marches et je fais jouer la porte en douceur de quelques centimètres.
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