Arbre des Séphiroths

 

 

Les jours se succèdent de cette façon. Zendreff, au contact des Arabes, perfectionne ses techniques de combat rapproché. En ce qui me concerne, j'ai eu l'honneur d'être admis parmi les proches du vieil homme. Je suis rapidement conquis par la profondeur de sa culture et sa grande sagesse. Une étrange aura émane de lui. Il semble clair qu'il a vécu beaucoup de choses avant de prendre sa retraite en ce lieu reculé. Cependant, il nous en apprend peu concernant sa propre personne. Aziz complète parfois le soir les quelques indices que j'ai pu relever dans la journée, et me révèle en même temps quelques éléments de sa propre vie :

Aziz El Rhaman est le neveu du sultan de Kirkouk, une ville lointaine vers le sud-est, au nord de la fabuleuse Bagdad. Sans être prince héritier, il fait partie de ce qu'on pourrait appeler la noblesse de Bagdad. Sa famille s'illustra dans les guerres d'expansion vers l'Est, sous le règne du Calife Walid. Son père, Omar, homme de lettres autant qu'homme de guerre, bien que de souche musulmane chiite, avait ramené de nombreux souvenirs de ses expéditions sur les territoires de l'ancienne Perse. L'intérêt de l'homme pour cette civilisation, à la fois raffinée et barbare, vestige de la culture gréco-romaine, lui venait en partie d'un de ses précepteurs, imam très respecté au service d'Allah, connu sous le nom de Farar Isam, notre hôte actuel. Leurs routes s'étaient séparées lorsque le sage était parti vers l'Ouest à la recherche de nouvelles connaissances et le guerrier vers l'Est, vers de nouvelles conquêtes. Mais il n'oublia jamais les préceptes de son mentor.

Aziz naquit 10 ans plus tard, alors son père partait guerroyer sur les bords de l'Indus, il y de cela 32 années. Son éducation se construisit au rythme des versets du Coran, sous l'œil séducteur d'effigies à la gloire d'Ahura-Mazda. Entre deux campagnes, Omar évoquait avec son fils les préceptes de Farar Isam et les merveilles de la Mésopotamie antique. Il est parti pour sa dernière campagne alors qu'Aziz avait vingt ans, pour ne jamais en revenir... Aziz chercha alors sa propre voie et entra au service de son oncle comme soldat où son intelligence et ses dons de stratège lui valurent vite une grande estime. Il sut rapidement s'attacher la fidélité de la garde des Mamelouks, soldats d'élites, entraînés dès leur plus jeune âge à combattre pour la gloire de l'Islam et qui constituent aujourd'hui sa garde rapprochée. Il choisit de suivre les préceptes d'une des nombreuses sectes qui composent l'Islam. Cette branche musulmane, dont les subtilités m'échappent encore, semble détenir de nombreux secrets oubliés. Elle pourrait n'être en réalité que le prolongement d'une secte bien antérieure à l'Egire, existant probablement déjà sous la grande Babylone mythique et apparemment liée à Zarathustra, un prophète itinérant de l'époque, particulièrement influent. Le glissement vers l'Islam s'est opéré sans doute naturellement comme pour beaucoup d'autres confessions de cette région du monde. L'intérêt réel et sincère d'Aziz envers cette branche minoritaire ne remet nullement en question sa fidélité au sultan. Cependant, son intérêt s'est soudaine considérablement accru lorsqu'il réalisa qu'un nom était lié à cette secte : Farar.

Lorsqu'il apprit qu'un certain Farar d'Alexandrie avait repris en main la direction de la secte dans les hautes montagnes d'Arménie, il réussit à se faire nommer à la tête d'une petite armée afin de renforcer les frontières du Nord contre l'avancée des infidèles des steppes, avec le but secret, m'avoue-t-il, d'en devenir le protecteur.
Concernant Farar Isam, autrement dit le "vieil homme", Aziz confirme mes hypothèses : Il quitta en effet le "Pays entre les Fleuves" pour s'avancer sur le chemin de la Connaissance qui, en ce qui le concerne, semble s'être arrêté à Alexandrie, en Egypte. Il y passa apparemment une bonne partie de sa vie et parle souvent de cette époque avec nostalgie. Il évoque aussi parfois une certaine Neidis, qui fut probablement un de ses amours, peut-être même son épouse légitime. Ils recherchèrent tous les deux la trace des ouvrages de la Grande Bibliothèque, incendiée par Jules César, empereur de Rome, quelques siècles plus tôt. L'entreprise semblait vouée à l'échec, mais il est évident, au moins pour Aménis et moi, qu'il trouva bien quelque chose. Il arriva alors probablement un drame de nature indéterminée, et le nom de Rome remplace celui de Neidis et d'Alexandrie dans le discours du vieil homme, qui n'est pas toujours très clair, loin de là. De cette époque, il dit avoir "refusé le Don pour sauver mon âme, mais je n'ai pu sauver Neidis". De quel don s'agit-il ? A-t-il un rapport avec les compétences dont il a fait preuve dans le traitement de nos amis, affligés d'un mal qu'il nomme vampirisme ? Nul ne le sait encore. La première autre fois où j'ai entendu parler de vampires, c'est lorsque nous avons traversé le territoire des Neudes, qui sont des sorciers réputés qui pratiquent des rites obscures liés à la lycanthropie. La seule autre fois, c'était alors que nous traversions le sud-ouest de la Dacie, un guide a évoqué devant nous les mythes des Carpates, ses montagnes natales, mais il parlait une langue déformée que nous comprenions mal.

La troisième partie de l'existence de Farar Isam semble liée au nom de Talamasca. Nous ne sommes pas parvenu à identifier s'il s'agissait d'une personne, d'une ville, d'un dieu ou d'une secte, mais je pencherai plutôt pour cette dernière hypothèse. Il en dit que "Talamasca est à Rome. Caramilla veille. Je ne suis plus maître de mon destin. Neidis me comprendra. Le secret de Ceux-qu'Il-Faut -Garder ne doit pas être éventé". Farar évoque également souvent Caïn, Zarathustra (qu'il nomme Zoroastre), etc... mais sans que je parvienne encore à établir une cohérence entre ces notions éparses.

 

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Dernière mise à jour le 27-07-2000
Par ObiWan