La nuit est complètement tombée lorsque nous nous engageons dans les profondeurs de la forêt. Bien que nous progressions rapidement, les repères que
j'avais pris de jour sont difficiles à retrouver une fois la nuit tombée. La lune n'est pas trop lumineuse, ce qui nous permet
d'approcher très près de la lisière de la clairière et de repérer des
sentinelles perchés dans la pente à l'extrémité du promontoire qui émerge au milieu des pins. Nous avançons vers eux en prenant soin de rester hors de vue. Arrivés au pied de la pente, nous cherchons un moyen d'escalader les rochers afin de nous débarrasser discrètement des
guetteurs. Difficile, voire impossible, d'épargner leurs vies : le risque est beaucoup trop grand. S'ils restent tranquilles, on pourra envisager de ne pas leur faire de mal, mais au moindre signe de mauvaise volonté, pas de scrupules : c'est eux ou nous !
Elkior commence l'ascension sous nos regards anxieux. Il se sent capable,
sinon d'absorber l'énergie vitale de ces hommes, du moins de se battre avec
eux à la régulière. Les mamelouks d'Aziz l'observent avec une rare intensité. Il est tellement
bruyant - du moins c'est l'impression que nous avons - que le risque qu'il soit détecté et
l'alerte lancée tellement énorme ! Il faudrait isoler les gardes, au moins sur le plan sonore. Mon Dieu, faites que l'air ne porte plus les sons autour du poste de guet, que la plus totale quiétude investisse ces lieux, imperturbable et profonde. Que le silence annihile toute expression sonore dans la tanière de l'ennemi. Je concentre l'énergie dont je dispose sur cette zone...
Plus aucun bruit ne s'élève.
Elkior nous fait signe et Aziz transmet à ses soldats, transformés en archers, l'ordre de
pilonner le petit baraquement engoncé dans les rochers. Une pluie de flèches s'abat tout autour, mais aucun bruit d'impact ne parvient jusqu'à nous. La clémence divine est infinie ! Elkior en profite pour parvenir au pied de la corniche par laquelle les guetteurs sortent la tête avec un air ahuri. Par malchance, c'est juste au moment où Elkior est
à découvert. Aziz presse ses archers de relancer un tir pour couvrir Elkior qui parvient
de cette façon juste en dessous du point d'observation. Utilisant lui-même
son arc, il crible de traits les soldats qui tentent de sortir pour échapper au déluge de fer qui s'abat sur eux. Deux d'entre eux, plus hardis, se penchent à la balustrade entre deux volées arabes et dirigent leurs propres flèches sur Elkior. Ne diposant d'aucun abri, celui-ci se déplace de long en large le plus vivement possible pour empêcher l'adversaire d'ajuster ses tirs et l'obliger à s'exposer lui-même, mais une flèche bien ciblée le jette à terre et les Asiatiques enchaînent les coups à une cadence redoublée. Je me précipite moi-même dans la pente pour prêter main forte à
mon ami qui se redresse alors que l'ennemi se replie temporairement pour échapper à une nouvelle volée arabe. Me plaquant contre la falaise, je me concentre sur les dégâts physiques
qu'il a subis. Effectivement, son énergie vitale fuit maintenant rapidement par les multiples blessures qui l'affectent. Je n'ose m'exposer moi-même au risque de révéler ma présence si proche à l'archer adverse. Un Mongol s'expose. Elkior, mobilisant tout son courage, ajuste son tir plus longuement qu'à l'accoutumée et lâche tranquillement son coup.

L'Asiatique part violemment en arrière, la tête traversée de part en part. L'autre continue son harcèlement et Elkior est désormais dans un état de
fatigue intense. Ses vêtements sont lacérés par les traits ennemis. Lorsqu'il parvient enfin jusqu'à moi, il est épuisé. L'énergie que je lui transmets en la puisant dans l'immense réservoir que Dieu met à notre disposition lui est particulièrement
bénéfique et il retrouve bien vite un peu de calme. J'en profite pour tenter d'augmenter artificiellement ses performances en suractivant son niveau
de tonus habituel. L'effet semble fonctionner et il se redresse vivement. Puis il part en courant dans la pente raide qui dessert l'abri adverse. Je lui suis tandis
qu'Aziz met fin aux tirs de couverture. Un profond silence règne à l'intérieur. La porte elle-même s'ouvre sans aucun bruit. Afin d'éviter d'être repérés par d'autres guetteurs, nous n'allumons aucune lumière. Les guetteurs étaient quatre, dont trois ont été tués par nos flèches, tueuses parfaitement silencieuses dans cette atmosphère figée. Déplaçant les
cadavres dans un profond silence, je constate que l'alerte devait être
transmise au moyen d'une trompe de corne : deux d'entre eux en portent une autour du cou. Sans doute ont-ils tenté de s'en servir,... sans succès. Je murmure rapidement une prière pour ces malheureux, victimes d'événements qui les dépassent sans pratiquement avoir pu se défendre.
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