La progression est difficile. Le sol et les parois
sont glissants. Mais le bruit de la cascade est nettement affaibli par
l’épaisseur de la muraille. Calder enlève son casque qui le gêne et
le pend à son ceinturon. Puis il repart. Derrière, Mailiss
s’impatiente et chuchote : « Alors, elle avance la tour
d’assaut ? ». La montée reprend, puis débouche sur une pièce
qui surplombe le passage en courbe. Plutôt sombre et mal éclairée, elle
est occupée principalement par un large cabestan avec un axe horizontal
autour duquel s’enroulent de lourdes chaînes. Le plafond est hors de
portée de la lumière générée par l’épée de Calder.
Wolundar : « Les portes se commandent sans
doute d’ici. Il faudrait peut-être manœuvrer ces leviers. »
Mailiss : « Non, ça c’est pour manœuvrer
cette herse. »
En effet, une lourde herse est plaquée sur le mur
nord, destinée à coulisser dans une fissure du sol. En tendant
l’oreille, on parvient à entendre les autres membres du groupe discuter
en dessous.
Subitement, un cri déchire le silence relatif de la
pièce : Calder hurle tandis qu’il s’élève dans les airs !
Wolundar tente de lui saisir les genoux pour le ramener au sol. L’effet
dure quelques secondes, puis l’ascension reprend plus lente. Tandis que
Mailiss se dirige vers l’escalier pour appeler du secours, elle ressent
une soudaine traction au niveau de l’épaule gauche : un fin
filament blanchâtre se tend entre elle et… le plafond. Calder dirige son arme vers le haut pour éclairer le plafond. La
lame est suffisamment proche du plafond désormais pour révéler des créatures
insectoïdes qui semblent converger vers le point d’arrivée de Calder.
Ce dernier hésite à couper le filament qui l’a désormais élevé
jusqu’à environ 2m50 du sol de pierre. Wolundar sort sa hache et d’un
rapide aller-retour de hache, tente de trancher le cordon mortel. Le coup
rebondit et les pieds de Mailiss décollent désormais du sol. Elle tente
de déboucler à toute vitesse son haubert, quitte à l’abandonner aux
prédateurs inconnus, mais la panique est forte. Wolundar lui hurle de se
calmer. Subitement, les attaches cèdent et Wolundar la rattrape dans ses
bras. Pendant ce temps, Calder porte de puissants coups d’estoc sur la
carapace chitinieuse et les mandibules tendues et claquantes qui tentent
de le saisir. La hache de Wolundar vient alors briser violemment une
partie des pattes de la créature avant de retomber sur le sol. Mais dans
un élan de solidarité, deux autres bestioles cramponne le paladin qui ne
sait plus où frapper et où se protéger. Son visage se couvre de sang et
d’éclaboussures de ses victimes.
Alertés par les cris, les autres aventuriers pénètrent
dans la pièce au moment où Calder, épuisé, lâche son arme qui vient
heurter le sol aux pieds de Dackrÿll. C’est LestAgile qui réagit le
premier. « Enflammez des flèches, il faut les faire reculer. Dépêchons-nous !
En effet, les pieds encore visible de Calder s’immobilisent lentement et
des bruits de tissus arrachés et de métal déchiré sont font entendre.
Les flèches de Mailiss se mêlent à celles de
LestAgile et Wolundar, et en moins d’une minute, une barrage de feu fait
reculer les redoutables insectoïdes. Trois des insectes sont encore dans
la zone délimitée, mais deux sont cloués au plafond, et le dernier,
visiblement éventré par les coups de Calder, ne tient plus au plafond
que par les pattes que Wolundar n’a pas brisée. Le liquide qui s’échappe
des blessures des bestioles semble activer fortement les flammes des flèches
qui se multiplient rapidement autour du corps suspendu de Calder. Puis
alors que le feu menace de le gagner, celui-ci bascule lentement, comme si
l’effet adhésif des filaments se dissipait. Puis le basculement s’accélère,
et le corps se précipite vers le sol. Wolundar et LestAgile tentent de
minimiser les dégâts. Presque simultanément, à l’autre bout de la pièce,
le bruit d’une cotte de mailles qui s’effondre se fait entendre :
les créatures n’ont visiblement pas le goût de la ferraille et ont
rejeté l’armure de Mailiss. Celle-ci va pour la récupérer, mais
Gaaldys la retient : « Arrête, impatiente : ils
t’attendent ! Reculons plutôt, il n’y a rien à récupérer ici. »
« Mais je ne peux pas me battre dans cette tenue ! » En
effet, le débraillage précipité de Mailiss ne lui permet certainement
pas de s’inscrire dans un concours d’élégance, mais au moins, elle
est sauve, et le prêtre la pousse vers l’escalier : « On
t’en trouvera une autre, filons ». Rapidement, tout le monde se
retrouve au point de départ. Wolundar et LestAgile ont traîné le corps
inanimé de Calder jusqu’en bas où Gaaldys et Mailiss le prennent en
charge. Il est vivant, mais commotionné et ne réagit presque plus, mais
le plus surprenant, c’est qu’une forte odeur d’alcool émane de ses
vêtements. Gaaldys n’a toutefois pas l’air inquiet : A part de
vilaines coupures sur le dessus et l’arrière du crâne à l’origine
des saignements abondants dont ils ont l’habitude, rien de grave.
Mailiss ne comprend pas l’origine de cette odeur. Il n’est pas des les
habitudes « officielles » des Chiens du Dieu Blanc de se
promener avec une réserve de liqueur. Puis elle réalise soudain que
c’est certainement le sang des créatures qui présente une forte teneur
en alcool, ce qui explique aussi l’incompréhensible violence des
flammes issues des flèches plantées dans le plafond de la pièce.
Quelques minutes plus tard, le paladin reprend connaissance tandis que
Gaaldys, plongé dans une transe profonde, promène ses mains autour des
pansements qu’il a lui même mis en place quelques minutes plus tôt.
Encore quelques minutes et tout le monde est
d’aplomb. Pendant que tous s’inquiétaient pour Calder, Dackrÿll et
LestAgile, amis de longue date, s’étaient approchés de la puissante
porte à l’extrémité nord de la pièce, un mètre au delà de la
limite imaginaire de la herse...
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