
Le niveau d'avancement technique de ces tribus est nettement en
retrait par rapport à ce qui se fait dans la plupart des peuples du
continent. Leur culture est de type chasseur-cueilleur, ce qui signifie
qu'ils ne cultivent pas la terre pour en tirer leur subsistance. Ce
trait culturel est à rapprocher du fait qu'il s'agit de semi-nomades.
De petits centres d'activité permanente existent, principalement autour
des mines, approvisionnés de façon régulière (quatre fois par an au
minimum) par les tribus environnantes qui leur fournissent de quoi
subsister en échange de leur production. On extrait de ces mines du
minerai de très bonne qualité dont les Kellernéïdes se servent afin de
produire des outils, mais aussi des armes très réputées. Leur
mythologie est axée autour de cette production et leurs héros,
redoutables guerriers, sont aussi de grands forgerons.

La caste des
forgerons est donc une caste préservée dont les secrets de fabrication
traversent les générations. Concernant les armes à proprement parler,
les spécialistes estiment que les productions kellernéïdes surpassent
toutes les autres en qualité. Associée à leur extrême rareté en
dehors des tribus, celà en fait une production très enviée. Les armes
"nobles" sont transmises, comme insigne de pouvoir, à
l'intérieur des familles, et c'est un grand déshonneur que d'en
égarer une. Paradoxalement, c'est un grand honneur que de casser une
lame en combattant un adversaire, et le signe d'une grande force
physique.


Non contents de fabriquer des armes de valeur, les Kellerneïdes sont
de combattants de grande valeur dans le combat rapproché. Tactis l'Esturque
écrit dans ses "Mémoires de Campagne", que même les
redoutables phalanges macédoniques auraient eu les plus grandes
difficultés à repousser ces redoutables guerriers. Les victoires
suélites de l'époque ont été le plus souvent remportées par magie
ou par le poids de la cavalerie, totalement inconnue des Kellerneïdes
à ce moment. Les invasions romaniques et plus récemment d'Hepmonaland qui sont
arrivées par la suite ont toujours soigneusement évité d'écorner par
trop les territoires kellerneïdes, et toujours au prix de lourdes
pertes. Les tribus se sont, depuis ces époques, réfugiées dans les
montagnes dont elles ne sont jamais redescendues.
Ce relatif isolement explique partiellement la faible notoriété de
ces tribus. Très peu de gens sur Aklandia ont connaissance de leur
existence. Même les érudits ont pu les ignorer s'ils ne sont pas intéressés
par les armes ou la petite histoire des guerres, principaux vecteurs
d'information par rapport à ce peuple.


Il n'y a pas de villes kellerneïdes à proprement parler. Les cités
troglodytes qui se sont développées autour des mines sont une
exception, certes notable, au mode de vie traditionnel. Les tribus
gravitent plus ou moins loin autour des ces points de ralliement avec
des contacts plus ou moins fréquents. Il y a un grand rassemblement
toutes les onze années de l'ensemble des tribus (ce qui marque un
Cycle), mais les éventuels spectateurs étrangers n'ont jamais publié
ni fait connaître les impressions par rapport à ces événements.


De nombreux rites, axés autour du culte des Ancêtres, rythment la
vie quotidienne et annuelle des Kellerneïdes. Les mariages, les
funérailles, les baptêmes, sont codifiés de façon très stricte. La
mythologie n'est pas totalement unifiée et si tous rapportent
l'existence d'un
ancêtre commun, il n'a pas toujours le même nom et n'est pas
nécessairement accompagné des mêmes figures. On pourra toutefois sans
trop de difficultés définir un grand nombre d'invariants dans les
croyances kellerneïdes.
Les peuples actuels ont sans doute également beaucoup à apprendre
de la justice kellerneïde qui ne connaît pas la peine de mort ni
l'enfermement. Un homme n'est jamais considéré comme mauvais de son
plein gré et les faits jugés sont d'une importance relative par
rapport à la santé mentale du condamné et à son anamnèse. Il est
tout à fait possible que l'assemblée des sages punisse la tribu
entière plus sévèrement que l'individu lui-même. Les sanctions
purement individuelles sont relativement rares et vont de la simple
amende ou confession publique au banissement perpétuel. Les
Kellerneïdes ne sont pas expansifs sur leurs sentiments et les
dissimulent le plus souvent, ce qui en fait un peuple froid par rapport
aux étrangers qu'ils peuvent être amenés à rencontrer. Les
étrangers qui se promènent armés rencontreront invariablement des
hommes eux-mêmes armés, et très certainement hostiles. Un conseil
pour ceux qui s'aventurent dans ces contrées : ne portez pas vos armes
ouvertement : c'est un privilège reservé aux chefs de familles et aux
fils majeurs. La détention d'armes par contre, est considérée comme
normale, particulièrement concernant les aventuriers, mais elles doivent
rester hors de portée (traduire par hors de vue).