Paru dans le numéro de
Janvier 1998 des Échos des Forets
La cadence du temps est trompeuse,... c'était hier
et pourtant... que d'années ont passées ! Ma chère
Grand'mère n'est plus hélas depuis bien longtemps.
Mais son souvenir reste en mon coeur, si près, si vif,
que cela vaut, je crois d'être conté.
Je la revois surtout, assise dans son éternel
fauteuil, me racontant les histoires passionnantes de
la vie.
Aujourd'hui cela se passe par un soir glacé de
Janvier. De taille moyenne, ma grand'mère, toujours
mince et svelte, le cou orné d'un ruban de velours
noir ou blanc selon la saison, à l'oeil pétillant.
Elle remet une grosse bûche dans l'immense cheminée
de la cuisine et rêve...
"Janvier est là, avec son cortège habituel de
froid, de neige et de verglas. Brrr... nous sommes
heureuses et privilégiées toutes les deux au coin du
feu...
Te souviens-tu de ce bel après-midi de Juillet où
je t'ai dit de marcher doucement pour te faire admirer
la paresse abandonnée du gentil lézard se chauffant
au soleil sur une pierre brûlante ? Et bien vois-tu,
malgré son apparente nonchalance et son air de sommeil
profond, il ne dort que d'un oeil et se lève d'un bond
sitôt qu'un nuage pointe à l'horizon."
Et comme pour lui donner raison, tout à coup,
venant du ciel, une goutte d'eau est tombée sur son
nez... Le lézard disparut alors de notre vue aussi
rapidement qu'un éclair ! Où est-il donc allé ?...
Où est-il aujourd'hui par ce froid de Janvier ? Bien
malin qui peut le dire !
Ainsi, petit à petit, dans sa pure naïveté, ma
Grand'mère m'a appris à comprendre et aimer la
nature. Naïveté est un mot qui ne lui convient pas
vraiment, elle était harmonieuse, comme la nature, si
nous laissons celle-ci évoluer sans la troubler, sans
la polluer. Croyez-moi, observez la nature et les
animaux, ils nous donnent bien des leçons.
Dictons :