Paru dans le numéro de
Avril 1998 des Échos des Forets
Je me souviens de mes vacances de Pâques chaque
année chez ma grand'mère Nelly. Je devais avoir huit
ou neuf ans quand pour la première fois ma jeune
tante, pas encore mariée, m'emmena dans sa carriole
attelée à la grosse jument Pomponne.
Dans le fond de la carriole derrière notre siège
qui n'était autre qu'une simple planche de bois,
étaient alignés sur deux rangs de nombreuses "chânes"
(bidons à lait). Nous partions traire les vaches dans
un grand herbage au lieu-dit "La Rochette".
Le "Faux-pot" était le nom de la maison
familiale... Allez savoir pourquoi le
"Faux-pot" ?...
Notre départ n'était pas silencieux... "Hue
cocotte !" criait ma cousine. La carriole
s'ébranlait juste au moment où les rênes, tapant sur
le dos de Pomponne, la réveillait de son apathie, le
tout se faisant dans un vacarme épouvantable. En
effet, toutes les chânes encore vides de lait
chaviraient, leurs couvercles attachés aux bidons par
des chaînes se cognaient les unes aux autres, et si
vous ajoutez à cette agitation fracassante le
crissement sur le gravier des quatre roues de la
carriole cerclées de fer, vous imaginez la cacophonie
!
Nous étions, nous aussi, secouées comme des
prunes, mais j'étais si heureuse de toute cette
aventure ! Ma grand'mère m'achetait des sabots de
bois, une paire chaque année car mes pieds
grandissaient... et je courais ainsi sabotée dans
l'herbage, au milieu des vaches, pendant toute la
traite.
Il y avait, je me souviens, Blanchette, qui voulait
toujours être traite la première, sans cela, gare aux
représailles ! Ma grand'mère a vu plus d'une fois son
tabouret valser et elle se retrouvait sur le derrière
! Puis Pâquerette qui n'a jamais supporté de ne pas
succéder à Blanchette. Si par malheur elle se voyait
précédée, elle renversait son seau plein de lait
quand arrivait son tour !...
Bêtes les vaches ?... pas tant que cela !
De retour au Faux-pot, secouées, mais un peu moins
car les bidons plein de lait étaient lourds et leurs
couvercles bien enfoncés dans leur loge ne bougeaient
plus. Restait le bruit des roues ferrées de la
carriole, mais elles aussi alourdies par le poids
crissaient moins.
J'étais heureuse, et Pâques pour moi, est toujours
synonyme de vacances heureuses.
Dictons et proverbes du mois
- En Avril, ne te découvre pas d'un fil.
- Avril pluvieux, Mai venteux, font l'an fécond
et gracieux.
- Brouillard du matin, rien de chagrin, ouvrant
la matinée, il annonce belle journée.
- 1er Avril : Pluie de la St Hughes, à
Ste Sophie, remplit les granges et les
barils.
- 23 Avril : St Georges, St Marc, St
Europe : Trois cavaliers glacés.